Les âmes croisées : la saga inachevée de Pierre Bottero
Hello ! Aujourd’hui je vais vous parler d’un roman qui m’a touchée en plein cœur par les leçons importantes qu’il donne. Et comme la plupart de mes coups de cœur, il s’agit d’une œuvre de Pierre Bottero : Les âmes croisées.
Pour comprendre le titre, il faut connaître le contexte de parution du roman. Les âmes croisées a été publié à titre posthume par les éditions Rageot, à partir d’un texte que l’auteur n’avait pas totalement terminé. Il était censé constituer une suite aux différentes sagas, en rejoignant l’Autre, Le Pacte des Marchombres et La quête d’Ewilan de façon plus étroite qu’elles ne l’étaient déjà. Je détaillerai ces liens dans le dernier point, qui est le seul à contenir des spoilers !
Le résumé
Nawel est une Perle (une situation sociale, par opposition aux Cendres), fille d’une des grandes familles du royaume. Avec ses deux amis, Philla, douce et patiente, et Ergaïl, son ami d’enfance futur héritier du trône, elle attend avec impatience le jour où elle pourra enfin revêtir la Robe qu’elle aura choisi. Ce qu’elle sera vraiment pour le restant de sa vie. Mais est-ce réellement un choix personnel et secret, comme tout le monde se plait à dire ? Douteuse, la jeune fille décide alors d’ignorer l’influence de sa famille et de choisir ce qu’elle veut vraiment.
~ Retour sur cette lecture ~
Une héroïne qui fait des erreurs
Après Camille, Shaé et Ellana, Pierre Bottero nous livre dans Les âmes croisées son héroïne la plus imparfaite. Nawel est orgueilleuse, têtue et peu conscience de sa position favorisée dans la société. Elle fait des caprices de petite fille riche au début du roman et si ce n’était sa volonté de fer et son tempérament déterminé, je ne suis pas sûre que je l’apprécierai.
En tout cas je trouve bien qu’elle fasse des erreurs (parfois très graves) et en tire des leçons, découvre la culpabilité. J’ai aimé son cheminement et les questions morales qu’elle se pose. Nawel est intense et intelligente mais doit composer avec des blessures qu’elle s’est elle-même infligées. Le personnage d’Anthor Per est lui aussi intéressant, proche du maître Marchombre.
Les questions sur l’acceptation de l’autre et de ses différences, avec les Glauques, sont aussi importantes bien que douloureuses à aborder. Sur ce point Nawel fait preuve de beaucoup de maturité, contrairement aux autres Jurilans.
La question de l’avenir
Autre point très important : au-delà de son aspect fantastique, Les âmes croisées parle de grandir, de choisir son avenir avec ou sans l’approbation de ses parents. Si le choix fait par Nawel est fictif, il a des résonnances indéniablement réalistes et ses angoisses le sont aussi, notamment par rapport au fait d’être acceptée ou non chez les Robes de son choix. On retrouve aussi encore une fois la notion de privilèges, comment certains s’affranchissent des règles alors que d’autres, même en les suivant, n’ont aucune chance. Donc un roman plus profond qu’il n’en a l’air au premier abord.
Le système quasi-dystopique
Des Perles portant des charges sous le forme de Robes, des Cendres qui subissent et sont relégués dans les bas-fonds de la société… Dans Les âmes croisées on tient le début d’une bonne dystopie et même si ce n’est pas cet aspect que Pierre Bottero choisit de creuser, on ne peut qu’admirer la construction proposée.
La fin : lien avec les autres sagas
Attention : dans cette partie je pars du principe que vous connaissez la fin des sagas l’Autre, Le Pacte des Marchombres, La quête et les mondes d’Ewilan. Si ce n’est pas le cas, vous risquez de vous faire spoiler la fin et les liens entre ces différentes histoires.
Pour connaître l’ordre de lecture et en savoir plus sans spoilers, rendez-vous dans cet article !
On va commencer avec la fin de l’Autre. Pour rappel, Nathan, Shaé et Elio sont invités par Eryn chez elle. Il s’agit en fait de la fille de Salim et Ewilan, qui les amène d’ailleurs voir l’Arche avant de leur montrer Al-Jeit. On en déduit facilement que dans la vision de Nawel à la toute fin, le garçon est Elio et la fille Eryn.
Quant au jeune homme à la garde parfaite, il s’agit probablement de Destan, le fils d’Ellana et Edwin. Tout concorde : le sabre et la maîtrise des Frontaliers, le fait qu’il soit plus âgé qu’Elio et Eryn…
Pour entériner totalement cet argument, j’ajouterais que Nawel et les Armures se mesurent à la Horde : ims, loups garous… Et la porte qu’elle franchit mène probablement au même endroit que la Huitième porte, et ceux que Nawel appelle les Anciens sont la Famille des Bâtisseurs. Destan est lié à ce monde (puisque même bébé il a croisé la route d’un Kharx chez les Mercenaires du Chaos), tout comme Eryn et Elio. Il semble dont logique qu’ils veuillent explorer l’origine de l’Autre et de tous ces monstres. D’où le fait qu’ils puissent rencontrer Nawel dans cette jungle.
Les âmes croisées sous-entendent aussi ce qu’a pu être l’histoire de la fin des Bâtisseurs lorsqu’ils ont passé la huitième porte, suite à l’emprisonnement de l’Autre, les amenant à un nouveau monde. Et les fresques dans la grotte découvertes par Nawel ne sont pas sans rappeler celles trouvées par les professeur Ernesto Sappati au tout début de la trilogie de l’Autre.
Dernier clin d’œil, cette fois aux Mondes d’Ewilan dans le roman. Nawel croise plusieurs fois le fou du Roi, Ol Hil’Junil. Nom typiquement Alivarien, ce qu’on constate à l’oreille, quand bien même on ne se souviendrait pas du personnage pourtant présent à l’Académie d’Al-Jeit, avec Ewilan, Liven et Kamil du temps où l’héroïne y séjourne. Il est mentionné que le dessinateur est arrivé dans le monde de Nawel par une expérience ratée, probablement un pas sur le côté qui a échoué…
En conclusion
La plume de Pierre Bottero est toujours aussi belle et, comme dans le Pacte des Marchombres et l’Autre, elle est encore plus travaillée. Les problématiques qu’il impose à Nawel méritent d’être explorées et voir les liens entre les différentes sagas se dessiner est juste magique. Un roman à lire sans hésiter !
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3 commentaires
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Stephane Bronsard
C’est tellement dommage qu’il n’y a pas de deuxième tome, mais je crois que cela est bien aussi. je vois mal les différentes manières pour rendre Nawel plus matures qu’elle ne l’est déja. Je trouve personellement qu’elle est presque aussi bonne qu’Elana en terme de personnage. Elles sont toutes les deux incroyablement complex, est l’écriture de Pierre Botero leurs donne une grace surhumaine.
Fan de Pierre Boterro
Je pense que Pierre Boterro, s’il avait eu l’occasion, aurait écrit un deuxième tome et sûrement aussi un troisième puisqu’il n’écrit que des trilogies. Sa plume est incroyable et c’est mon auteur préféré. Tous smces liens qu’il dait et la répétitions de certaines phrases à traverqs les livres est tout simplement incroyable. J’aime aussi la poésie marchombre et comment il fait des pauses, ce qui donne plus de sens à ses mots (« Rhuil le taiseux. Rhuil le parleur. ») Je me rends compte qu’on peut pas lire à voix haute certaines phrases car même si on fait des pauses dans notre voix lorsqu’il y a un point, le fait qu’on voit le point change notre manière de comprendre la phrase et lui donne plus de sérénoté. Je ne sais pas si vous resentez la même chose que moi mais quand je lis un poème marchombre ou quand je l’énonce c’est très différent