#Toutlemondedétestelouise de Annelise Heurtier
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#Toutlemondedétestelouise de Annelise Heurtier

Merci aux éditions Casterman pour l’envoi de ce roman.

Hello ! Aujourd’hui on se retrouve pour la chronique d’un roman qui sensibilise aux problématiques du cyberharcèlement : #Toutlemondedétestelouise de Annelise Heurtier.

C’est explicité dans le résumé mais au cas où :

Trigger warning : cyberharcèlement, harcèlement scolaire, slutshaming

Avec Push (que j’avais adoré), Annelise Heurtier ouvrait la parole sur les agressions sexuelles dans le milieu de la gymnastique. De la même façon, elle s’attaque ici au harcèlement au collège, avec #Toutlemondedétestelouise.

Le roman est dur à lire, dans le sens où on lit les pensées de Louise et on voit s’abattre sur elle cette tornade de haine sans fondement contre laquelle elle est impuissante. C’est un récit fort, qui saura parler autant aux adolescents qu’aux plus âgés.

Le résumé

Pour son anniversaire, Louise reçoit le cadeau de ses rêves : un smartphone. Et même si celui-ci s’assortit d’un « contrat » d’utilisation rédigé par ses parents, elle est folle de joie ! Après quelques hésitations et sous la pression des amies, elle se crée un compte sur LikeMe, le réseau social à la mode. Mais tout bascule à cause d’un malentendu lié à un garçon. Se sentant trahie, sa meilleure amie raconte sa version des faits sur les réseaux, et la situation dégénère. Louise voit alors sa propre image lui échapper, seule face à des torrents de haine…

Un récit de cyberharcèlement qui montre brillamment que quelques mots peuvent parfois tout changer, à travers deux fins différentes. Parce que le cyberharcèlement n’arrive pas qu’aux autres et qu’il ne faut jamais cesser d’en parler.

~ Retour sur cette lecture ~

Une héroïne mature

Louise le sait, ses parents le lui ont rabâché et elle a même eu des sessions de préventions au collège : les réseaux sociaux sont dangereux. Elle sait poser des mots sur le harcèlement et c’est d’ailleurs ce qui la rend immédiatement lucide par rapport à sa situation, quand les choses dérapent.

Tout du long, elle va se demander comment c’est possible que ses tortionnaires ne réalisent pas ce qu’ils lui font subir, alors que les gendarmes étaient venus les sensibiliser au sujet il y a à peine quelques mois.

La « meilleure amie » (spoiler : vous allez la haïr comme jamais)

Le plus frustrant dans l’histoire de #Toutlemondedétestelouise, c’est que c’est une amie proche de l’héroïne qui va déclencher cette vague de haine. Après avoir surpris Louise en compagnie de son crush dans une position prêtant à confusion, Romy poste sur son propre compte LikeMe une mise en scène d’elle en train de pleurer et lance une rumeur absurde pour se venger, sans même avoir écouté Louise (avec une amie pareille, pas besoin d’ennemis…).

Sauf que comme Romy est jolie et populaire, tout le monde se rallie à elle. Et lorsqu’un des crétins de leur classe décide d’en profiter pour prendre Louise comme souffre-douleur, tout part en vrille… On sent que Romy perd le contrôle de sa vengeance mesquine et n’ose pas se dédire car ne veut pas en assumer les conséquences, alors elle laisse Louise subir après avoir monté ses autres amies contre elle…

Une histoire qui prend des proportions invraisemblables

Lorsque Louise se défend un peu violemment des rumeurs face à un garçon (d’un geste certes peu mature, mais tout à fait admirable), ce dernier a des ennuis avec l’administration du collège et ses parents et tourne donc ce qui aurait pu être une mauvaise passe en un véritable harcèlement. Il lance #Toutlemondedétestelouise, fait des memes affreux… En bref, il s’attache personnellement à faire de la vie de Louise un enfer.

La honte et l’angoisse

Alors que les contenus la raillant sur LikeMe se multiplient, Louise s’applique à disparaître des radars dans l’espoir que ça cesse. Elle se planque pendant les intercours, ne mange pas à la cantine, s’applique à être la première arrivée et dernière partie en classe…

Cette routine nous fend le cœur, tout comme la honte qu’elle ressent et qui l’empêche de se confier. La honte d’avouer à ses parents de quoi on la traite, de répéter les insultes et les brimades.

« Je ne peux pas. Je ne peux pas le leur dire.

Je préfère encore les phalanges que la déception dans le regard de mes parents. Je suis incapable de leur expliquer. J’ai tellement honte. Comment pourrais-je leur expliquer qu’on m’accuse de coucher avec des garçons ons dans les toilettes ? Comment pourrais-je leur avouer que j’ai un compte LikeMe et que je n’ai pas respecté leur contrat ? Comment pourrais-je leur parler de toutes les insultes, leur montrer les montages ou même juste leur décrire ? Leur faire entendre ces mots, les prononcer avec ma voix ?

Alors je souffle pour chasser l’image des visages, l’image des regards qu’ils auraient s’ils savaient ce qu’on dit de moi. Je les aime trop pour leur imposer ça.

– Non non je vous assure, tout va bien.

Et j’ajoute même à l’intention de ma mère, avec un sourire auquel je prends presque du plaisir, tant j’ai perdu tout espoir et presque toute considération pour moi-même :

– Tu sais bien que je te le dirais, sinon »

Annelise Heurtier, #Toutlemondedétestelouise

Morale de l’histoire : en parler ça change tout

Comme l’indique le résumé, #Toutlemondedétestelouise a deux fins alternatives : l’une ou Louise parvient à se confier à ses parents sur ses problèmes (que je n’ai pas tout à fait digérée à cause du personnage de Romy) et une autre, plus sombre, où elle ne s’y résout pas.

L’ellipse de la fin sombre est parfaite, suggestive et douloureuse sans être graphique. Annelise Heurtier place le point où tout a basculé non pas au début de l’histoire, alors que le malentendu aurait pu être évité, mais à la toute fin alors que Louise choisit de se confier ou non à ses parents. La morale est claire : c’est en parler qui peut faire changer les choses.

En conclusion

#Toutlemondedétestelouise est un roman difficile et nécessaire qui sensibilisera efficacement les adolescents aux sujets du harcèlement et du cyberharcèlement. Annelise Heurtier nous montre une nouvelle fois sa capacité à traiter avec brio des sujets actuels et à créer des personnages réalistes, pour lesquels on ne peut qu’éprouver de l’empathie.

Vous avez lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ?

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