Si je dois te trahir de Ruta Sepetys
Merci aux éditions Gallimard Jeunesse pour l’envoi de ce roman.
Hello ! Aujourd’hui on se retrouve pour la chronique d’un roman historique intense : Si je dois te trahir de Ruta Sepetys.
Il s’agissait du premier roman de Ruta Sepetys que je lisais et j’étais curieuse de découvrir la plume de cette autrice. Verdict ? Je comprends pourquoi tout le monde adore ses livres. Son travail de documentation historique est impressionnant ! Elle met en lumière des évènements que l’on connaît moins de l’histoire, on apprend autant qu’on est ému.
Ce plongeon dans la Roumanie de Ceausescu est éprouvant, autant vous prévenir. C’est le genre de livre qui nous secoue d’autant plus que si les protagonistes sont inventés, le cadre, lui, a réellement existé. Je trouve effrayant de réaliser qu’en 1989, à une période où nos parents étaient ados (si du moins vous avez mon âge), il se déroulait ce genre de choses dans des pays pas si lointains.
Le résumé
Bucarest, octobre 1989.
Lycéen, passionné de cinéma américain, Cristian Florescu rêve de devenir écrivain… mais dans la Roumanie de Ceausescu, même le rêve peut être dangereux. Le jour où il est convoqué par la Securitate, Cristian doit faire un choix impossible: perdre ceux qu’il aime ou travailler pour la police secrète. Devenu informateur, il prend tous les risques pour tenter de changer le régime de l’intérieur. Quand la radio clandestine annonce la chute imminente des États communistes voisins, le vent de l’espoir souffle pour Cristian… Mais quel est le prix de la liberté?
~ Retour sur cette lecture ~
A l’origine de Si je dois te trahir
J’ai eu l’immense chance d’assister à une rencontre virtuelle avec Ruta Sepetys qui a répondu à de nombreuses questions, et notamment celle de l’origine de Si je dois te trahir. Elle nous a expliqué que pour ses trois premiers romans (Big easy, Ce qu’ils n’ont pas pu nos prendre et Le sel de nos larmes), elle s’est inspirée d’histoires vécues par sa famille.
Ensuite, lors de ses tournées de dédicaces, elle a rencontré de nombreux lecteurs qui ont attiré son attention sur leur propre histoire, et c’est comme ça qu’elle a commencé à s’intéresser au régime de Ceausescu. C’est ainsi qu’a débuté son travail de recherche et d’échange avec des personnes ayant vécu ces évènement, qui a abouti à l’histoire de Si je dois te trahir.
La documentation historique
Vous apprécierez sans aucun doute le dossier qui vient compléter Si je dois te trahir, à la fin du roman. Il apporte une distinction de la part de l’auteure des faits réels et de la fiction ainsi qu’une bibliographie.
J’adore quand les romans historiques sont ainsi documentés et permettent aux lecteur.ice.s, au-delà de l’émotion ressentie en découvrant l’époque au travers des personnages, de se documenter eux-mêmes sur la période en question.
Un chiffre impressionnant donné par l’auteure dans cette partie est la proportion d’espions enrôlés de gré ou de force par la Securitate :
« On estime qu’un citoyen sur dix fournissait des informations à la Securitate. »
Ruta Sepetys, Si je dois te trahir
Une plongée dans la Roumanie de 1989
Maintenant que je vous ai présenté tout le travail autour du roman, il est temps de vous parler de l’histoire en elle-même. L’autrice tente à travers le récit de nous faire ressentir cette terreur et cette méfiance constante que ressentait la population à cette période, alors que votre propre voisin, voire votre propre famille, pouvait vous dénoncer à tout moment.
C’est dans ce climat de terreur qu’évolue Cristian, épris de philosophie et de liberté, éduqué par son grand-père qui s’est battu contre l’endoctrinement du régime totalitaire. On découvre une vie risquée faite de visionnage de films de contrebande, où une seconde économie est basée sur les paquets de cigarette et où une page arrachée à un guide touristique anglais se monnaie durement.
Rationnement de nourriture, coupure d’eau et d’électricité, privation de produits d’hygiène élémentaire (comme des protections hygiéniques)… Le récit est frappant parce qu’on sent les anecdotes réelles derrière la fascination de Cristian pour les bananes (puisqu’il n’en a jamais mangé… Ni d’autres fruits d’ailleurs) par exemple.
Déchirement et courage
Devenant informateur pour la securitat bien malgré lui, Cristian souffre de ce qu’on lui impose, de cet espionnage contre-moral. Il se retrouve avec un secret à garder, dans une ville où il est presque en permanence sur écoute. Un enjeu qui relève de l’impossible, même pour un personnage plein de ressources.
Trahi par ses proches, vivant une romance tourmentée, attendant la révolution : Cristian fait preuve d’un courage épatant et se relève toujours, prêt à se batte pour une vie meilleure. Un héros inspirant qui l’est d’autant plus qu’il est inspiré du courage qu’ont eu de véritables adolescents roumains dans des situations similaires.
Conclusion
Un roman historique marquant qui vous apprendra beaucoup, mettant en lumière un pan de l’histoire pas forcément le plus abordés dans les programmes d’histoire. Ruta Sepetys livre ici un travail admirable et je suis maintenant curieuse de lire d’autres de ses œuvres !
Vous avez lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ?