Lire est dangereux (pour les préjugés)
Merci à Page Turners pour l’envoi de ce roman.
Hello ! Aujourd’hui je voulais vous parler d’un roman qui par son message m’a un peu secouée : Lire est dangereux (pour les préjugés) de Dave Connis.
Pour commencer le sujet : la censure de romans dans les lycées américains. Avant ma lecture je m’étais un peu renseignée à ce propos et il s’avère que c’est une réalité. En effet, certains lycées refusent que les élèves découvrent des romans en particuliers et d’autres, moins honnêtes, font tout simplement disparaitre des étagères de leurs bibliothèques les titres incriminés.
Le résumé
Quel est le point commun entre L’Attrape-coeurs et Hunger Games ? Ce sont des romans. Des romans interdits dans le lycée de Clara. Quand la jeune fille découvre que, depuis des années, des œuvres y sont censurées sans que personne n’en sache rien, elle décide d’entrer en résistante. Son plan ? Monter une bibliothèque clandestine dans son casier. Et montrer qu’en aucun cas, les livres ne peuvent être dangereux.
~ Retour sur cette lecture ~
Une héroïne en colère
J’avoue que si le sujet m’a juste passionnée, je n’ai pas vraiment accroché avec Clara Evans, l’héroïne du roman. Elle fait vraiment preuve de très peu de maturité pour une élève de terminale et laisse beaucoup ses préjugés la guider.
Dès le début, elle nous serine avec le fait que tous les élèves ne sont pas à égalité et semble persuadée que les Fils des Pères Fondateurs (les gosses de riches du lycée) sont tous hautains et détestables. En ce qui concerne les livres, elle ne se pose pas une seule seconde la question de la raison de l’interdiction de certains d’entre eux et lorsque les raisons lui sont données, elle les balaye sans y réfléchir.
Même si elle évolue dans le roman et comprend peu à peu certaines choses, elle reste très autocentrée et ne prend jamais le temps d’écouter les arguments (parfois sensés) des autres. Là où le roman aurait pu avoir une réflexion plus poussée sur l’impact de la lecture et la raison de la censure (qui n’est jamais bonne évidemment, mais ça n’empêche pas d’écouter les idées de l’autre), il nous présente une héroïne en colère qui n’aide pas à approfondir le sujet.
Les références fictives et les bons mots
Ok, j’ai eu du mal avec Clara mais je me suis carrément identifiée à certaines de ses réflexions. Il y bien évidemment toutes celles autour de la lecture, de la trace indébile que laissent certains romans dans notre vie, des sensations qui accompagnent la lecture. Mais il y a aussi celles autour de l’adolescence, d’être traitée à la fois comme un adulte et comme un enfant en même temps et toutes les frustrations que j’ai moi-même ressenties à certaines périodes. Dave Connis vise juste.
Pour Lire est dangereux (pour les préjugés), il invente un roman fictif qui va guider Clara dans sa révolution. Mais il cite aussi de véritables titres, des classiques comme la Lettre écarlate et le Passeur ou des contemporains comme Hunger Games et Eleanor & Park.
Dangereux ou pas dangereux ?
Parce que c’est finalement la question que pose le roman, même si Clara n’accepte de l’écouter que tard dans le récit : les livres peuvent-ils être dangereux ?
A travers un plot twist, le Lire est dangereux (pour les préjugés) montre l’un des cas dans lesquel la lecture d’un roman peut s’avérer dangereuse. Sans spoiler, on va simplement dire qu’ensuite Clara est convaincue que les livres sont mauvais (toujours dans la demi-mesure XD ) puis de nouveau convaincue qu’ils sont bons.
« Le problème, c’est qu’on se jette à corps perdu dans les livres. Avec toute notre noirceur. Notre lumière. Notre passion. Notre souffrance. Nous lisons avec tout ce qui nous façonne et toutes ces couches qui font notre personnalité agissent comme un filtre. Nous lisons avec tout ce que nos yeux ont vu, tout ce que notre cœur a vécu depuis notre naissance. L’humanité est d’une telle complexité que nous ne pouvons pas être jugés responsables de la mauvaise interprétation d’un livre. Et ce n’est pas à cause d’un livre que les gens se tuent, aiment ou haïssent. Ou qu’ils décident d’être présidents. Ce que nous faisons avant et après une lecture relève d’un choix personnel. Et ce choix, c’est la liberté »
Dave Connis, Lire est dangereux (pour les préjugés)
Seulement… Nous voilà au deuxième point qui m’a déçue. Là où j’aurais cru que l’auteur proposerait des solutions, des pistes de réflexions au lecteur, il s’arrête là et conclut simplement l’arc narratif à coup de « et tout le monde finit heureux ».
L’importance du Trigger Warning
Dans mes articles les plus récents, il arrive de plus en plus souvent qu’au début ou dans ma chronique, vous retrouviez une ligne du type :
TW : violence physique, harcèlement…
Les Trigger Warning sont là pour avertir les personnes des sujets pouvant être sensibles dans un roman. Ainsi, les personnes choisissant de le lire savent à quoi elles s’exposent et peuvent se préparer mentalement ou, si elles ne se sentent pas capable de lire ça, le reposer. C’est une pratique qui se démocratise (moins vite en France mais on y croit !) et qui peut aider beaucoup à mon sens, surtout pour des problèmes comme ceux évoqués dans Lire est dangereux (pour les préjugés).
En conclusion
Un bon roman traitant d’un sujet peu commun mais qui à mes yeux ne l’approfondit pas assez (principalement à cause d’une héroïne pas vraiment fabuleuse) et qui oublie de parler à ses lecteurs d’alternatives et de solutions…
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