Juste avant que de Joanne Richoux
Merci aux éditions Thierry Magnier et à Netgalley de m’avoir permis de lire ce titre.
Hello ! Aujourd’hui on se retrouve pour la mini chronique d’un roman court mais percutant : Juste avant que de Joanne Richoux, édité dans la collection L’Ardeur.
Il me semble important de vous parler de la collection avant de vous parler du roman, car le contexte est important. L’Ardeur est une collection des éditions Thierry Magnier qui veut parler de sexualité pour les adolescents, pour citer leur présentation « Quoi de plus logique, alors, que d’ouvrir notre catalogue à des textes qui parlent de sexualité, de désir, de fantasme. L’Ardeur se pose résolument du côté du plaisir et de l’exploration libre et multiple que nous offrent nos corps. ». Une collection qui a fait parler d’elle récemment puisque Gérald Darmanin a signé un arrêté interdisant la vente d’un de ces romans (destinés aux adolescents du coup) aux mineurs.
C’est connaissant ce conteste que j’ai appris par l’autrice elle-même qu’elle allait publier dans cette collection un texte résolument de gauche, bien dans la lignée de celui qui a été interdit. Est-il vraiment nécessaire à ce stade de vous dire que ma curiosité était piquée ? Evidemment que j’ai lu Juste avant que et évidemment que je vais vous en parler !
Le résumé
Comme plusieurs soirs par semaine, ils se retrouvent dans sa chambre après le lycée. Dehors des explosions, des sirènes, des cris… La tension sociale qui bout depuis des années serait-elle sur le point d’exploser ? Dans la chambre éclairée par les gyrophares, plus de réseau ni d’internet, les ampoules sautent et l’angoisse monte. Le désir aussi.
Mêlant fin du monde et langueur qui éclot entre deux corps, Joanne Richoux signe un Ardeur étourdissant. Son écriture, brute et précise, tisse un roman à la justesse glaçante.
~ Retour sur cette lecture ~
Le cadre apocalyptique et le propos
Pour le décor du roman, Joanne Richoux donne dans le tragique : les émeutes se multiplient en ville, la planète va mal, les coupures de courant se multiplient… Un climat de danger qui contribue à faire monter la tension entre les personnages, mais dont le propos est également très politique.
En effet, l’autrice imagine un futur où le grand public se serait rendu compte, trop tard, de la futilité du capitalisme et de l’importance de l’écologie. Une génération après nous, le rationnement de l’électricité est courant et l’influence, les réseaux sociaux : tout ça a disparu car étant considéré comme inutile. Un futur sombre mais rationnel ou les inégalités sociales sont encore plus marquées, où une énième manifestation a conduit à la mort d’étudiants, élevés en martyrs par la population. Une vision sombre mais intéressante qui contribue à affiner le cadre du roman et à lui donner un propos fort.
La tension et la sensualité
C’est le premier roman de L’Ardeur que je lisais alors je ne saurais pas dire si le style est commun à tous, mais en tout cas on reconnaît vraiment la plume de Joanne Richoux telle que je l’avais lue dans Les Collisions.
Dans Juste avant que, la représentation de la sensualité et de la sexualité est très loin de celles qu’on a l’habitude de voir dans les romances ou la fantasy. Joanne Richoux s’attache à décrire les sensations, le toucher, le désir. Pas de phrases obscènes ni clichées mais deux adolescents attirés depuis longtemps l’un par l’autre qui se découvrent enfin. C’est à la fois déstabilisant et important, cette représentation différente avec des corps imparfaits (ça change du gars « beau comme un dieu » ou « bien monté ») et je comprends tout à fait pourquoi ces romans sont décrits comme essentiels.
En conclusion
Juste avant que est un excellent roman court pour parler à la fois de sexualité (sans tabou, obscénité ou cliché) et de politique à travers des messages forts. Joanne Richoux signe ici un texte très intéressant que je n’hésiterai pas à recommander à des jeunes entre 16 et 18 ans !
Vous avez lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ?