D.R.U.G.S de Neal et Jarrod Shusterman

Merci aux éditions Casterman pour l’envoi de ce roman.

Hello ! Aujourd’hui on parle d’un roman original sur les addictions et la drogue : D.R.U.G.S de Neal et Jarrod Shusterman.

Je dois dire que cette lecture, je n’y suis pas allée en étant tout à fait convaincue. Il faut dire que bien qu’ayant à ce jour les populaires Dry et La faucheuse dans ma pile à lire, le seul roman de Neal Shusterman que j’avais lu jusqu’ici était Eclats d’étoiles et je n’avais pas du tout accroché.

Et puis il y a le thème des addictions. Il est hyper intéressant, a déjà pas mal été exploité en littérature mais le premier roman qui me vient en tête sur le sujet est Clean, que je n’avais pas aimé non plus.

Donc dire que j’attendais ce roman avec impatience et en étant persuadée que ce serait un coup de cœur serait mentir. Cela dit, j’ai une confiance absolue dans les éditeur.ices Young Adult des éditions Casterman et je l’ai donc lu.

Et le bilan est plutôt positif ! Une histoire et un format de narration très originaux, plus intriguant que moralisateur (ce qui fait du bien avec un sujet pareil) et une fin saisissante… Vraiment, ce fut une bonne lecture !

Le résumé

À la suite d’une blessure qui compromet ses chances d’intégrer un cursus sportif, Isaac accepte des antidouleurs pour guérir plus vite. Sa sœur Ivy rechigne à prendre un médicament censé réguler ses troubles de l’attention, mais finit par s’y résoudre. Ils ignorent qu’ils sont l’enjeu d’un pari machiavélique entre Roxy et Addison, deux drogues personnifiées.

~ Retour sur cette lecture ~

Des héros dans lesquels se projeter

Les protagonistes de D.R.U.G.S, Ivy et Isaac, sont des ados lambda avec leurs rêves, leurs amis et leurs problèmes. Mais surtout, l’addiction qu’ils développent peu à peu à leur médicament respective est intelligemment amenée, montrant que ça pourrait arriver à n’importe qui.

Isaac, il a de grands rêves mais se met de ce fait une grande pression. Si il veut intégrer l’une des prestigieuses universités qui lui permettrait d’être ingénieur spatial comme il le souhaite, il doit maintenir (voire augmenter) ses résultats scolaires tout en restant performant sur le terrain, puisque le sport peut aider à lui ouvrir des portes.

C’est de cette pression, qui devient trop grande lorsqu’il se blesse à la cheville, que tout part. Il a besoin de la soulager pour jouer, et sa grand-mère lui propose la solution sous forme d’un fort anti-douleur, sans deviner combien celui-ci va le rendre rapidement accro.

Ivy, quant à elle, cède à la pression familiale d’opter pour une solution médicamenteuse afin de l’aider avec ses troubles de l’attention. Les résultats se font rapidement ressentir : ses notes remontent, elle s’éloigne de ses amis toxiques et tout son quotidien se réorganise. Mais les effets secondaires sont importants, notamment l’insomnie, et elle augmente peu à peu sa dose…

Une descente aux enfers

En tant que lecteur, on assiste à la chute progressive et inéluctable d’Ivy et Isaac dans l’addiction. Si celle d’Ivy est douce et progressive, puisqu’elle se « contente » d’augmenter ses doses sans le dire à personne, elle est d’autant plus sournoise et on est effaré de la voir sombrer alors qu’elle commençait juste à s’en sortir, enfoncée par une mauvais tour du destin.

Chez Isaac par contre, l’addiction monte rapidement au point qu’il prend des décisions dangereuses comme se blesser volontairement pour avoir le droit à l’anti-douleur, ou s’en procurer sur le darknet. Et si son entourage est étonné de ses changements, le fait qu’il soit jusqu’ici blanc comme neige entraîne un manque d’attention de ses proches qui réalisent le problème trop tard…

La personnification des drogues

Raconter la descente aux enfers d’un frère et d’une sœur sombrant peu à peu dans l’addiction au médicament, ce n’est pas forcément nouveau. Là où Neal et Jarrod Shusterman se démarquent avec D.R.U.G.S, c’est en faisant des drogues les deux autres personnages du roman.

Ainsi, on assiste à un petit jeu où les drogues sont personnifiées, et où leur objectif est de les amener à l’espace VIP de la Soirée, une métaphore désignant l’overdose puis la mort.

On croise ainsi une myriade de substances incarnées : Lucy, le LSD, toujours dans son monde, Marie-Jeanne, la marijuana qui est devenue moins amusantes du point de vue de ses consœurs depuis qu’elle a été légalisée, Al, l’alcool, fêtard et constamment bourré… On a même quelques chapitres, qui se relient de façon improbable au reste du récit, qui sont racontées par d’autres drogues (dont Marie-Jeanne et Lucy mais aussi Phineas, Dusty et Charlie…).

Je ne savais pas trop ce que pourrait donner cette histoire de personnification avant de commencer le roman mais après lecture, je suis 100% convaincue ! Je vous propose un petit extrait pour vous en faire une idée :

« Pas besoin de nous présenter. Vous connaissez nos noms. Nous avons gagné notre place dans l’histoire. Après tout, nous étions là pendant la guerre des Mille Jours. Nous avons accompagné la reine Victoria pendant qu’elle colonisait l’Orient ; nous avons même aidé Sigmunde Freud à rédiger L’interprétation du rêve. »

Neal et Jarrod Shusterman, D.R.U.G.S (chapitre sur Dusty et Charlie, les Frères de la Coke)

A noter qu’un lexique des drogues personnifiées avec leurs prénoms est disponible à la fin du roman (j’ai mis un moment à m’en rendre compte alors je vous le dit tout de suite XD ).

En conclusion

D.R.U.G.S est un roman original qui saura proposer une forme de narration étonnante et une histoire à la fois émouvante et réaliste aux lecteurs de contemporain. Pour ma part, j’ai apprécié cette lecture !

Vous avez lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ?