Bordeterre de Julia Thévenot
Hello ! Aujourd’hui je reviens avec vous sur une lecture récente, originale et déstabilisante qu’a été le dernier petit bijou des éditions Sarbacane : Bordeterre de Julia Thévenot.
Je lis le blog de Julia depuis un bon moment déjà et j’adorais son style, ses chroniques, son humour. Alors forcément, lorsqu’elle a sorti un roman, je me le suis procuré. (A retardement pour cause de confinement, ça c’était mois marrant). Avec tous les avis positifs plus mon ressenti général à la lecture de son blog, j’avais des attentes hautes. Trèèèès hautes.
Bon, je ne fais pas durer le suspense plus longtemps : Bordeterre les a surpassées haut la main. J’ai été dès le début entraînée dans cette histoire si créative, dense et incompréhensible au début mais pleine de magie.
Le résumé
Inès, 12 ans, est le genre à castagner ceux qui cherchent des embrouilles à son frère, Tristan, autiste de 16 ans. Tristan lui, est plutôt du genre à̀ regarder des deux côtés avant de traverser. Mais ce jour-là̀, il ne parvient pas à̀ retenir sa sœur qui, courant après son chien…
… bascule dans un univers parallèle. Bordeterre. C’est le nom de cette ville, perchée sur une faille entre deux plans de réalité́. Les gens qui y tombent ne peuvent plus la quitter. On y croise des gamins qui chantent pour faire tourner un moulin, des châtelains qui pêchent des cailloux, des ferrailleurs rebelles qui font tirer leurs caravanes par des poules… et des créatures étranges.
Inès, par nature, est ravie. Elle explore, renifle le derrière de Bordeterre avec une joie souveraine, comme le chien qu’elle a suivi. Tristan est plus inquiet : il y a quelque chose de pourri dans cette ville.
~ Retour sur cette lecture ~
Mention pour la couverture
Sur une note très superficielle, j’adore le beau bleu et l’illustration très simple de cette couverture. Et après lecture, j’ajouterai qu’on la comprend et qu’on l’apprécie encore mieux !
Le style
Quelque part entre la Passe Miroir et le Faiseur de rêves, avec peut-être un peu moins de poésie mais plus de mordant et d’humour, il y a Bordeterre. J’ai accroché dès le début au style étrange et unique de Julia Thévenot, avec ses changements de registre de langage et son côté léger et décaler.
Si vous cherchez un style conformiste qui fera l’unanimité, vous pouvez vous abstenir car l’écriture est parfois étrange et déstabilisante, mais je trouve que c’est l’une des choses qui font le charme de ce roman.
L’univers
Le centre de même de Bordeterre, c’est… Eh bien, Bordeterre, cette ville étrange dominée par un château qui semble entre deux univers, où chanter anime les objets et où les gens deviennent transparents.
L’univers de ce roman est complexe et il ne faut pas espérer le comprendre dès le début : les 500 et quelques pages vous amèneront à mieux l’appréhender petit à petit mais vous serez complètement perdu(e) au tout début. Je ne vais pas vous donner trop de détails pour ne pas vous gâcher la découverte du roman, mais le tout est très bien construit et surtout ultra original !
L’auteure joue avec le lecteur autant qu’avec ces personnages, alternant les lignes narratives et laissant une pointe de frustration alors qu’à l’image d’Inès et Tristan, on peine à trouver nos repères dans cette ville. Les inventions plus dingue, étranges et dérangeantes les unes que les autres se succèdent et lorsque le livre se termine, on aimerait y retourner pour en savoir encore plus sur cet univers étrange.
Les personnages…
A l’image de l’univers dans lequel ils évoluent, les personnages sont originaux et très différents les uns des autres. Ils ne correspondent pas vraiment aux standard du fantastique, ni a aucun autre d’ailleurs, et sont plein de volume et d’émotions.
Là où on croise généralement une jeune femme badass ou un petit génie, on se retrouve à suivre une gamine de douze ans curieuse et pleine d’énergie qui n’a pas sa langue dans sa poche et son grand frère handicapé qui se sent responsable d’elle.
Dans le paysage de ces personnages loufoques, on croisera aussi un capitaine complètement paumé dans ses sentiments (et pas que dans ce domaine d’ailleurs), une jeune révolutionnaire en colère, une méchante glaçante et manipulatrice, une bonne qui rêve de vengeance, un orphelin particulièrement doué de ses dix doigts…
Ces personnages étranges et bien incarnés, avec leur volonté propre et leurs émotions, ne sont pas des plus attachants. Ils sont réalistes, tellement qu’on se surprend à en détester ou ne pas comprendre certains alors qu’on en apprécie d’autres.
…et leurs relations
Le lien fraternel qui unit Inès et Tristan est particulièrement fort, et j’ai pris beaucoup de plaisir à les voir évoluer tous les deux.
Après il y a les relations amoureuses. Il y en a très peu dans ce récit et elles ne sont clairement pas au centre de l’histoire, même si elles sont parfois les éléments déclencheurs d’autres actions et rebondissements. Je les ai trouvées mignonnes et certains échanges de lettres m’ont fait sourire, mais sans plus…
La fin
Ehhh… on y est. Lorsque j’ai commencé Bordeterre, j’étais perdue mais ravie par l’univers un peu glauque et complexe. Ensuite, l’histoire a pris du sens, les personnages se sont trouvé de véritables occasions et j’ai cru au très gros coup de cœur. Le vrai bon gros coup de cœur.
Mais ce sera finalement un petit coup de cœur, pour cause de fin ouverte. Ce n’est pas mon style de fin favori (même si je peux comprendre ce choix d’un point de vue narratif) et ce n’est certainement pas celle que j’avais espéré pour Bordeterre. Moi qui avais du mal à me remettre de la Passe-Miroir tome 4, je suis à nouveau dedans. En bref, une fin que je comprends mais que je n’adore pas pour autant…
En conclusion
Malgré mon paragraphe précédent, Bordeterre est évidemment un coup de cœur que je recommande à tous ceux qui sont en mal d’originalité (et aux autres d’ailleurs). Un premier roman entraînant, étrange et déstabilisant que j’ai adoré !
Vous avez lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ?
PS : Si vous voulez vous faire une petite idée du style, les premières pages sont accessibles sur le site des éditions Sarbacane
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