Reel de Sébastien Gendron

Merci aux éditions Pocket Jeunesse pour l’envoi de ce roman.

Hello ! Aujourd’hui on se retrouve pour la chronique d’un court thriller dérangeant sur le thème des réseaux sociaux : Reel de Sébastien Gendron.

Je sors de cette lecture avec un mélange de gêne et de perplexité : le côté thriller est vraiment intéressant surtout sur les messages et la montée de l’angoisse, mais le style d’écriture m’a parfois un peu perdue et j’ai eu du mal à croire en l’héroïne.

En tout cas, Reel est un roman court, prenant et original. Même si je n’ai pas réussi à adhérer à tous les aspects du récit, je ne doute pas qu’il trouvera son public.

Le résumé

Au lycée George-Sand, les réseaux sociaux, la réputation et l’apparence règnent en maîtres : chaque geste est observé, commenté, partagé.

Maud et Elina, amies inséparables, tentent d’y mener une vie normale.

Mais tout change lorsqu’un projet d’art les pousse à se dévoiler à travers des courts métrages, entrainant une série d’événements imprévisibles. Alors que l’humiliation publique et virtuelle se propage, les tensions montent dangereusement.

Qui s’en sortira indemne ?

~ Retour sur cette lecture ~

Maud, cette girouette

Maud est la narratrice de Reel, celle qui va nous plonger dans ce moment où tout a déraillé dans son lycée et comment ils ont pu en arriver là.

J’ai eu un peu de mal avec elle de par certains de ses comportements, elle ne m’a pas parue tout à fait réaliste. On la découvre au début du roman obsédée par sa popularité (elle dit être populaire, a un nouveau look qu’elle a hâte d’afficher) mais n’est jamais entourée de tout le récit. Elle a une relation d’amitié-haine avec Elina qui est aussi peu saine qu’étrange (sérieux, j’avais beaucoup de mal à croire en leur « amitié »). Quant à ses richissimes parents, ils sont aux abonnés absents…

Elle est très changeante, tantôt amie présente pour écouter les problèmes d’Elina et tantôt là à flirter avec le gars qui semble haïr son amie…

Quant à sa façon de s’exprimer, je l’ai trouvée très neutre : elle retranscrit son manque de relief et de personnalité. On sait de Maud qu’elle veut être populaire, qu’elle se déplace en scooter, qu’elle a une relation étrange avec Elina… et c’est à peu près tout. J’aurais aimé plus de travail sur ce qui l’anime, mais également sur ses sentiments et émotions (parce qu’à part sa gêne ou sa peur, je n’ai pas ressenti beaucoup de choses en lisant ses pensées).

Les fondus au noir

Fait hyper intéressant concernant Reel : la forme du récit en lui-même semble avoir été travaillée pour rappeler une vidéo. Ca concerne le travail éditorial (la couverture, les numéros des parties qui tournent pour être finalement écrits au format paysage comme tourne la vidéo au centre de l’histoire), mais également le texte.

Certains chapitres se terminent donc sur un fondu au noir : Maud finit plus d’une fois évanouie ou choquée. S’ajoutent à cela des Rewinds (quelques retours en arrière pour expliquer des évènements clés) ou des focus, et je trouve ce travail bien pensé.

Par contre, je dois avouer que les fins de chapitres étaient plus d’une fois perturbante. L’auteur saute parfois des moments qu’on aurait aimé voir pour se centrer sur les vidéos qui rythment l’histoire et si je comprends le choix narratif, je suis de ce fait restée plusieurs fois sur ma faim. L’ensemble est parfois un peu décousu, déstabilisant en tant que lecteur.ice.

La montée de l’angoisse

Sur l’aspect thriller par contre, qu’est-ce que c’était dérangeant et addictif ! Reel part d’un devoir donné par un professeur d’art : en s’inspirant du film Lost Highway de David Lynch, les élèves doivent réaliser un court métrage jouant avec les mêmes codes. Autrement dit, simuler le fait de s’immiscer dans la vie privée de quelqu’un et faire monter l’angoisse chez le spectateur.

Mais certains élèves prennent le sujet au mot, et basculent dans l’illégalité. Et quand malgré l’arrêt du devoir les vidéos continuent, on se demande qui en est l’auteur ou l’autrice…

Les vidéos que l’on découvre à travers les yeux de Maud sont aussi travaillées que dérangeante, jouant avec des peurs communes. Au-delà de la question de qui les a réalisées, il y a également leur contenu et l’analyse que Maud en fait qui font frissonner.

J’ai beaucoup aimé cet aspect du roman qui donne envie de le lire d’une seule traite, pour enfin connaître le fin mot de l’histoire !

En conclusion

Un thriller déstabilisant avec de très bonnes idées (tant au niveau de l’intrigue que de la forme) mais une narratrice à laquelle j’ai eu un peu de mal à accrocher. Je ne doute pas que Reel pourra sûrement plaire à certains fans de ce genre littéraire !

Vous avez lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ?