Ici et seulement ici de Christelle Dabos
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Ici et seulement ici de Christelle Dabos

Merci à Gallimard Jeunesse pour l’envoi de ce roman.

Hello ! Aujourd’hui, on se retrouve pour la chronique d’un roman très attendu : Ici et seulement ici, le nouveau roman de Christelle Dabos après La Passe Miroir.

Avant de vous parler du roman et de ma lecture, il me semble essentiel de revenir sur un point qui a manqué je trouve : les Trigger warning.

Note : Les trigger warnings sont des avertissements de contenu que l’on trouve parfois au début des romans pour prévenir le lecteur que certains thèmes susceptibles de réveiller des traumas sont abordés. C’est une pratique courante dans les pays anglophones qui commence à se démocratiser dans les pays francophones.

En effet, Ici et seulement ici aborde le thème du harcèlement scolaire et ce, de façon assez crue. Donc même si ça ne m’a pas forcément gênée plus que ça, je trouve que c’est important de prévenir les personnes qui ont subi ça car la lecture pourrait se révéler très éprouvante dans leur cas.

Maintenant que j’ai fait mon petit speech de prévention, verdict, qu’ai-je pensé de Ici et seulement ici ? En vérité, si je devais mettre ce roman dans une case, ce serait « dérangeant ». Il y a quelque chose de profondément malsain dans le comportement des personnages et ce qui est raconté, d’autant plus qu’on sent le fond de vérité. En cela, il m’a pas mal rappelé ma lecture de Les collisions de Johanne Richoux.

Je ne peux pas qualifier ma lecture d’« agréable » ou de « coup de cœur », mais plus d’un livre marquant qui pousse à la réflexion.

Le résumé

Par-dessous la peinture, le plâtre et le ciment, à l’intérieur des murs, au fond de l’invisible, je perçois quelque chose que j’arrive pas encore à nommer, quelque chose de foutrement féroce qui habite le bâtiment tout entier et qui me rentre dans les os. Qui fera bientôt partie de moi.

Ici ne ressemble à nulle part.

Ici n’obéit qu’à ses propres règles.

Ici il y a des Bas, des Hauts, des pairs et des impairs.

Et quoi qu’il arrive tout le monde passe par ici.

~ Retours sur cette lecture ~

Un roman choral

Ici est seulement ici est raconté par une multitude de personnages qui prennent la parole à tour de rôle. Il y a Iris, tout juste rentrée en 6ème, qui tente de se fondre dans la classe. Pierre, en 5ème, souffre-douleur de sa classe. Madeleine en 4ème, qui pense que cette année sera différente car elle a reçu un don. Guy, en 3ème, qui voit l’ordre établi bousculé par sa nouvelle voisine de table. Il y a le club ultra secret, la remplaçante qui a déjà été élève Ici.

Tous ces points de vue s’enchaînent pour nous donner un aspect plus complet de la situation, de ce collège ou tout dérape. Ils se complètent, ajoute les pièces manquantes du puzzle.

Les règles implicites du collège

Dès son arrivée dans la cour, Ingrid, le premier personnage que l’on suit, réalise que le collège est régi par une multitude de règles implicites qui sont différentes de celles de l’école primaire. Chacun des personnages le sait et le rappelle.

Ici, les élèves vont par paires et si une classe est impaire alors il y a un pouilleux, un souffre-douleur désigné par le hasard de la répartition des tables. Il y a un prince, un petit tyran qui fixe les règles et rackette ses camarades. Les Hauts et les Bas sont fixés dès la rentrée sur le tableau, les premiers profitant sans vergogne des seconds. Les toilettes des étages sont réservées aux petits chefs de chaque classe, les pouilleux devant se rabattre sur celles, insalubres, de la cour. Christelle Dabos décrit le fonctionnement affreusement injuste et difficile de cette micro-société organisée qu’est la cour du collège, de ce collège.

Le sujet difficile du harcèlement

Toutes ces règles mènent comme on le comprend rapidement à un harcèlement scolaire violent, sous toutes ses formes : physique, mental… On assiste à de la violence que des ellipses bien placées permettent de ne pas rendre gore, mais qui reste crue. Il y a du racket, des insultes, de l’intimidation.

Mais au-delà de la présence même de harcèlement, c’est la réflexion derrière qui nous met mal à l’aise. Les règles établies que personne n’ose braver, d’un côté comme de l’autre. Pierre qui s’est mis à aimer son étiquette de souffre-douleur, jusqu’à chercher à la retrouver. Cet engrenage malsain dans lequel sont pris les personnages. Il y a quelque chose de profondément dérangeant dans Ici et seulement ici, jusqu’au comportement des professeurs qui choisissent de fermer les yeux voire de respecter les règles des élèves.

Une dose de surnaturel

Par petites touches, pour provoquer le mystère et pour la beauté de la métaphore, on a aussi du surnaturel. Ingrid qui devient invisible, le corps de Madeleine qui change, le fameux Théophile… Ces figures sont tristes mais belles. Et au milieu il y a la remplaçante et Sofia, les deux seuls personnages qui semblent ancrées dans le réel. Elles connaissent les règles d’Ici mais choisissent de les ignorer, bousculent les autres avec leurs certitudes.

En conclusion

Je m’excuse si ma chronique d’Ici et seulement ici a pu vous paraître brouillonne. La vérité c’est que c’est ce que je retiens de cette lecture : il y a beaucoup de choses qui se mélangent dans ce roman pour former un ensemble cohérent mais dérangeant qui dépeint la lente évolution de la situation de ce collège jusqu’à la catastrophe. Un roman coup de poing que je ne mettrais néanmoins pas entre toutes les mains.

Vous avez lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ?

Signature

2 commentaires

    • Emma

      Merci pour ton avis sur Ici et seulement ici !
      J’ai un peu le meme ressenti que toi, un ensemble cohérent et dérangeant. On a l’impression de pas tout saisir, et de comprendre à la fois, assez étrange haha!
      Il m’a laissé un peu perplexe. Tout à long de ma lecture, je ne savais pas si j’aimais ou non, mais pourtant j’avais cette envie de continuer l’histoire.
      Voila, je ne sais Toujours pas si j’ai aimé ce livre, mais j’adore le travail et l’univers de Christelle Dabos donc c’était intéressant !
      Bonne soirée !

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