Amande de Won-Pyung Sohn
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Amande de Won-Pyung Sohn

Merci aux éditions Pocket Jeunesse pour l’envoi de ce roman.

Hello ! Aujourd’hui on se retrouve pour la chronique d’un contemporain ado étonnant : Amande de Won-Pyung Sohn.

J’avais pas mal vu passer ce roman lors de sa sortie en grand format et j’ai donc profité de sa parution en poche pour découvrir ce texte qui m’intriguait.

Ce fut une lecture étrange et étonnante, un peu dans la vibe des romans de John Green (le narrateur m’a par moments fait penser au ton de Miles dans Qui es-tu Alaska ?). On sent le travail de l’autrice (et des traductrices) pour retranscrire la vision de Yunjae. Quant à la particularité du héros du roman, je ne savais pas que ça existait et j’ai adoré le découvrir à travers cette histoire !

Le résumé 

Yunjae, 15 ans, n’arrive pas à ressentir les émotions. Son amygdale cérébrale, son «amande», ne fonctionne pas bien. Alors, pour se fondre dans la masse, il doit retenir les codes de la société comme les tables de multiplication : imiter les autres quand ils rient, dire bonjour, s’il te plaît, merci quand il faut… Paraître «normal», en somme. Quand une tragédie bouleverse sa vie, il se retrouve seul face à l’adversité. Contre toute attente, Gon, un garçon de son âge rebelle, colérique et violent, s’intéresse à lui. Entre eux naîtra une amitié improbable qui permettra à Yunjae d’expérimenter ses premières émotions. Mais devenir plus humain et s’ouvrir aux autres a un prix…

~ Retour sur cette lecture ~

Un narrateur atypique 

Un héros atteint d’alexithymie, c’est-à-dire qu’il est incapable de ressentir et d’identifier les émotions, est un défi à écrire. Comment écrire l’absence d’émotion sans tomber dans une narration plate ? Won-Pyung Sohn y parvient dans Amande, et ce avec brio ! Mention spéciale également pour le travail des deux traductrices (coréen à anglais puis anglais à français), dont la note en fin de roman souligne les enjeux de traductions propre à ce roman.

J’ai aimé suivre l’évolution de Yunjae alors qu’il commence à se questionner sur les émotions, que ses interactions avec Gon le poussent à réfléchir. Les faits que raconte le héros sont tragiques mais il garde un détachement total, assorti d’une sorte d’interrogation : pourquoi les autres réagissent différemment ?

L’importance de l’entourage de Yunjae

En plus de raconter l’histoire de Yunjae, le roman nous questionne : aurait-il évolué différemment si son entourage n’avait pas été le même ?

Au début, on voit sa mère tenter de le faire se comporter « normalement » en lui apprenant à simuler les émotions qu’il est censé ressentir. Ce procédé montre rapidement ses limites alors que Yunjae grandit et que les émotions ressenties par ses camarades deviennent plus complexes et difficiles à éviter. Il est d’ailleurs vivement critiqué par sa grand-mère qui préfère voir son petit-fils vivre à son rythme, quitte à risquer d’être ostracisé par ses camarades. On comprend évidemment pourquoi sa mère a fait ce choix, car au-delà des interactions sociales, l’absence de la capacité à éprouver de la peur met notamment Yunjae en danger (puisqu’il ne classifie pas certaines choses comme « dangereuses » et son instinct de survie s’en trouve réduit).

Et puis lorsqu’il fait la rencontre du docteur Shim, ce dernier l’encourage non pas à simuler selon des règles mais à essayer de comprendre ses camarades. Il pense qu’en allant dans cette direction, Yunjae pourrait stimuler son cerveau et le pousser à reconnaître les émotions, à réduire son problème.

L’empathie de son entourage pousse Yunjae vers ce qui est considéré comme bien, et vers son propre développement. On se demande également si moins bien entouré, son évolution aurait été différente… Le roman nous pose la question vers la fin, alors que le héros fait la rencontre d’un personnage particulièrement malveillant.

Questionner les lecteur•ices

Amande interroge sur des sujets tels que « qu’est-ce qu’aimer ? », « qu’est-ce que l’amitié » ou « qu’est-ce que l’empathie ? » à travers le point de vue étonnant de Yunjae. J’ai apprécié la façon dont sont amenés les questionnements ainsi que les réponses proposées par les différents personnages. On a à la fois le point de vue du héros et ceux de sa mère, sa grand-mère, son mentor, ses amis…

Le gouffre qui sépare Yunjae et Gon dans leur façon d’éprouver ou non leurs émotions et de les décrire rend le roman intéressant. Ce contraste enrichit la réflexion et si le roman est parfois dur à lire à cause des actions de Gon (il y a de la violence et du harcèlement), le tout vient servir le propos général du roman.

En conclusion 

Amande est un roman contemporain surprenant à la narration originale, qui nous sort de notre zone de confort ! Le thème de l’alexithymie est hyper intéressant et si vous aimez réfléchir et apprendre alors il devrait vous plaire !

Vous avez lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ?

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