Djihad Online de Morthon Rue
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Djihad Online de Morthon Rue

Merci à Page Turner Romans pour l’envoi de ce roman.

Hello ! Aujourd’hui je vais vous parler d’un roman marquant et très bien écrit : Djihad Online de Morthon Rue.

Une descente aux enfers. Voilà qui qualifie très bien le nouveau roman de l’auteur de La Vague dans lequel on suit un jeune adolescent, Kahil, qui se radicalise peu à peu sous l’influence de son frère ainé. Une histoire prenante et aussi fascinante que flippante qui amène à réfléchir…

Le résumé

Khalil est comme tous les lycéens de son âge : il aime aller à des soirées, flirter avec la plus jolie fille du lycée, et a plutôt de bonnes notes. Mais si Khalil est né aux États-Unis, sa famille a une autre histoire. D’origine bosniaque, ses parents et son grand-frère, Amir, ont immigré des années plus tôt pour fuir la guerre.

La vie de Khalil ressemble peut-être à celle de n’importe quel ado américain, mais celle d’Amir est plus compliquée. Alors quand ce dernier commence à regarder les vidéos de prédicateurs d’un islam radical, Khalil se pose des questions… et décide de suivre les traces de son frère, coûte que coûte, plutôt que de le perdre.

De la réflexion, beaucoup de réflexion

De la même façon que le roman précédent de l’auteur, La Vague, Djihad Online tient de l’expérience sociale et on sent le véritable travail de recherche derrière cette histoire. Car c’est peut-être une fiction pour Kahil, mais ce n’en est pas moins la réalité de certains jeunes, aux Etats-Unis mais pas seulement.

« Pourquoi qualifie-t-on de patriote et de héros un soldat américain prêt à sacrifier sa vie pour son peuple, et d’extrémiste et terroriste, un combattant musulman qui fait exactement la même chose ? Comment, lorsqu’un drone américain abat des femmes et des enfants musulmans innocents, peut-on n’y voir qu’un simple accident, une erreur, un « dommage collatéral » ? Tandis que, si un musulman tue des femmes et des enfants américains, on parle d’ « atrocité », de « massacre barbare », de « victimes innocentes » ? »

Morthon Rue offre une vision très intéressante du sujet car interne, en tentant d’expliquer ses facteurs sans juger Kahil mais plutôt en le comprenant. La plume de l’auteur, simple et fluide, souligne avec aisance des questions qui restent après qu’on ait refermé ce roman.

Un problème social

Djihad Online met en avant le fait qu’il est difficile pour les immigrés de s’intégrer à une société qui ne fait pas souvent l’effort de les comprendre et qui ne réalise pas la chance qu’elle a de vivre en paix. Le décalage entre la vie de Kahil, mais aussi celle de son ami Vitaly et celles des autres lycéens est flagrant et peut être analysé comme une cause à la radicalisation progressive du jeune homme. L’illustration offerte lors de la soirée à laquelle les deux amis accompagnent Angèle est flagrante, et en profite pour dénoncer une société de consommation qui considère tout comme acquis et ne se soucie pas de détruire.

Des proches qui pèsent

Au vu du déroulement du roman, Kahil aurait pu avoir moins de colère envers le pays où il vit et même son entourage sans l’influence de son frère et même celle involontaire de ses parents.

Dès le début du roman, on comprend rapidement que la relation entre Kahil et Amir n’est pas du tout saine. Kahil est souvent contraint par son frère et victime de violences, qu’il finit toujours par occulter car elles sont devenues banales.

Comme l’explique le résumé, Amir bascule très tôt dans le djihadisme au cours du récit. Dans leur entourage, beaucoup de gens s’en inquiètent, y compris Kahil. Mais contrairement aux autres, il vit avec lui et représente sa seule attache solide dans son entourage, le seul aussi à connaître l’entière vérité sur sa situation. Et si Vitaly aurait pu représenter cette attache, le fait qu’il vive dans une famille soudée met une distance entre eux. Il suit donc son frère, trouvant un réconfort dans son assurance et chassant ses doutes lorsqu’ils se présentent.

La fin qui gêne

ATTENTION : ce paragraphe contient un énooorme spoiler sur la fin du livre ! Par contre, vous pouvez aller lire sans risque la conclusion de cette chronique un peu plus bas !

Si Djihad Online tient de la descente en enfer et se lit très vite pour cause de suspens et d’addictivité, la fin m’a totalement déçue. Je m’attendais certes à une fin pas très heureuse et ça ne me dérangeait pas, mais là j’ai comme l’impression qu’elle gâche tout l’intérêt qu’avait ce roman.

Je m’explique : à la fin du récit, Kahil, qui a posé une voiture piégée devant un poste de police, se retrouve face au FBI pour terrorisme et apprend qu’il fait en quelque sorte partie des dommages collatéraux d’un coup de filet visant à confondre un de leurs complices. Le FBI avait donc manipulé le frère de Kahil avec de fausses vidéos pour l’inciter au terrorisme et donc à s’approcher de leur cible jusqu’à ce qu’elle leurs fasse confiance.

Or, je l’ai souligné dans cette chronique, ce qui m’a plu c’est l’analyse des causes du terrorisme et la réflexion interne sur le sujet qu’apportait le roman. Cette fin gâche cette analyse puisqu’on comprend que Kahil a été, en partie du moins, manipulé. Avec une conclusion pareille, l’auteur perd une bonne partie de la crédibilité qu’il avait insufflé à son roman et donne l’impression de vouloir stopper les réflexions du lecteur en lui disant « mais ce n’est pas gave, ce n’est qu’une fiction ! ». Elle m’a fait le même effet qu’une fin du type « et il se réveilla, songeant à ce rêve étrange ». Dommage.

Heureusement qu’un mot de l’auteur était là pour relever un peu le niveau, mais ça n’annule en rien cette conclusion décalée.

Conclusion

Un roman intéressant qui se propose d’explorer les causes de la radicalisation d’un point de vue interne et offre une réflexion intéressante. Le rythme fluide du roman le rend vite addictif et si l’histoire dans son ensemble ne convainc pas totalement, on peut tout de même saluer le travail de l’auteur sur ce nouveau titre.

Signature

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