
La nuit des treize plumes d’Isabelle Pandazopoulos
Merci aux éditions Rageot pour l’envoi de ce roman.
Hello ! Aujourd’hui on se retrouve pour la chronique d’un roman one shot aux allures de conte à l’ancienne : La nuit des treize plumes d’Isabelle Pandazopoulos.
Le point fort de La nuit des treize plumes, c’est sans aucun doute la capacité de l’autrice à reprendre les codes du conte pour raconter une histoire nouvelle qui semble pourtant vieille. Le ton est posé, la morale est là, on tremble devant la cruauté digne de celle de nos contes favoris dans leurs versions originales et on se laisse totalement immerger dans le roman.
Ce fut une très bonne lecture, à la fois originale car on en lit peu et familière de par les codes qu’elle reproduit avec brio. Si vous avez une petite nostalgie des contes de votre enfance et particulièrement de ceux plus sombre style Barbe Bleue, n’hésitez pas et lancez-vous dans La nuit des treize plumes.
Ah et dès fois qu’un éditeur de livre audio passe par là, pitié faites-le dans ce format, ça ne pourra qu’être un carton ! Le ton du récit et le mode de narration s’y prêtent parfaitement !
Le résumé
Ondine est une princesse. Mais elle est avant tout une femme. Alors, on lui a appris à se taire. À courber l’échine. À obéir. Seulement, rien n’a jamais pu éteindre le désir de liberté que tout son corps réclame. Le jour où son père lui impose un mari, elle s’enfuit. Armée de son seul courage et de quelques plumes, Ondine cherche à percer le mystère de la malédiction qui entoure sa naissance.
Une autre vie est-elle possible, loin du destin qu’on a tracé pour elle ?
~ Retour sur cette lecture ~
Un début de conte classique
Une princesse à la longue chevelure d’or élevée loin du monde, faisant son entrée à la cour pour être mariée… Familier n’est-ce pas ? La nuit des treize plumes reprend plusieurs ressorts classiques du conte mais en apportant un point de vue différent : celui d’une princesse craignant le mariage et un mari possessif, prête à s’enfuir pour y échapper.
Ondine fait preuve de naïveté (puisqu’élevée loin du monde et tenue volontairement à l’écart de certaines connaissances) mais aussi de perspicacité dans sa façon de juger ceux qui l’entourent, comme son mari mais aussi le mystérieux Zlatko…
La souffrance des femmes
Je n’ai pas pu m’empêche de penser à cette chanson (un banger, à écouter si vous ne la connaissez pas déjà) en découvrant l’histoire d’Ondine. On est sur un conte cru qui parle de viol et plus généralement de la condition des femmes, surtout en des temps violents.
Ondine a été élevée à l’écart du château, endoctrinée par son père pour haïr sa propre mère et pour lui obéir à lui à tout prix. Elle doit rester humble, innocente, douce et vierge jusqu’à ce qu’elle épouse celui qu’il a choisi. Dans l’univers du conte, la valeur des femmes tient à leurs naissances et à leur vertu, mais une fois mariées elles ne sont bonnes qu’à faire des enfants et à être exposées comme des trophées.
Là où le conte est beau sous la cruauté, c’est par la sororité qui se manifeste en divers endroits du récit entre des femmes. Elles se soutiennent, se réconfortent et se sacrifient les unes pour les autres en espérant un jour la fin de cette domination par les hommes. Le personnage de la reine en particulier m’a beaucoup touchée !
Amour et douleur
De par sa narration particulière, La nuit des treize plumes offre une sous intrigue de romance mais d’une façon assez inédite. On est détachés des personnages puisque l’histoire est contée d’un point de vue externe, mais on assiste à la naissance de l’amour entre Ondine et un autre personnage avec intérêt.
Loin d’être romantique, leur histoire est douloureuse et tragique, avec des rebondissements tous plus affreux les uns que les autres. Les plot-twists de l’histoire sont d’ailleurs qualitatifs, terribles mais nous tenant avec efficacité en haleine. On veut comprendre l’origine de la malédiction, ce qui arrive exactement aux frères d’Ondine et si elle va parvenir à leur rendre forme humaine !
L’histoire est l’occasion d’aborder le thème du pouvoir, des traumas intergénérationnels (spoiler : le tyran n’est pas devenu un tyran du jour au lendemain) en plus de son côté féministe évoqué plus haut dans cette chronique. De même, le thème de la sexualité est abordé d’une façon à la fois déroutante, originale et intelligente, je ne m’attendais absolument pas à un passage de ce genre !
En conclusion
Un conte moderne déroutant mais immersif, mené par une plume superbe. Si le genre littéraire du conte vous plaît alors il faut que vous vous plongiez dans La nuit des treize plumes !
Vous avez lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ?

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