L’année de grâce de Kim Liggett : un roman unique
Hello ! Aujourd’hui on se retrouve pour la chronique d’un roman unique en son genre : L’année de grâce de Kim Liggett.
Est-ce que vous voyez cette sensation quand vous avez lu un livre original, dérangeant mais qui vous file une claque magistrale et vous fait réfléchir ? C’est exactement ce que j’ai ressenti en lisant L’année de grâce.
Je ne peux pas dire que ce soit un coup de cœur car ce n’est pas un roman hyper agréable à lire dans le sens où son intrigue est dérangeante (bien que fascinante) mais je peux affirmer que c’est une lecture marquante. Un thriller glaçant qui formule une critique de la société tout en décrivant une sorte d’expérience sociale effrayante : frissons et réflexion garantis.
Trigger warning
Au risque de paraître sensible, je pense que L’année de grâce mériterait quelques trigger warning : violence, mutilations… Bien sûr on se doute en lisant le résumé que ça ne va pas être gentillet mais comme les blessures sont décrite de façon explicites et que quelques unes retournent l’estomac, je ne pense pas que ce serait de trop.
Le résumé
« Personne ne parle de l’année de grâce. C’est interdit. Nous aurions soi-disant le pouvoir d’attirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie. Notre peau dégagerait l’essence pure de la jeune fille, de la femme en devenir. C’est pourquoi nous sommes bannies l’année de nos seize ans : notre magie doit se dissiper dans la nature afin que nous puissions réintégrer la communauté. Pourtant, je ne me sens pas magique. Ni puissante. »
Un an d’exil en forêt.
Un an d’épreuves.
On ne revient pas indemne de l’année de grâce.
Si on en revient.
~ Retour sur cette lecture ~
Le sujet de fond du roman
Derrière son intrigue sombre, L’année de grâce propose une réflexion sur le passage à l’âge adulte et la façon dont le regard que la société pose sur les jeunes filles change, alors qu’elles deviennent désirables aux yeux des hommes et concurrentes aux yeux des femmes. C’est certes, caricatural présenté de cette façon, mais le sujet reste intéressant car peu abordé dans la littérature ado et l’auteure le fait de façon extrêmement fine et percutante.
Je vous conseille d’ailleurs de lire les remerciements écrits par l’auteure, que ce soit avant ou après votre lecture (il n’y a pas de spoilers dedans) pour mieux comprendre sa démarche et comment lui est venue l’idée d’écrire L’année de grâce.
Une société effrayante
Au-delà de ce qu’il se passe durant l’année de grâce, la société dans laquelle vit l’héroïne du roman est angoissante. Le gap entre les classes sociales est effarant (ceux qui dirigent la ville ont tout, les autres sont condamnés à la famine et aux tâches les plus désagréables). Ajoutons à cela une très forte propension à la violence, un système matrimonial effarant dans lequel les hommes en âge de se marier (jeunes ou veufs) choisissent les femmes avant de les envoyer vivre en forêt une année entière et vous aurez une petite idée de l’ambiance générale.
Des traditions assumées aux vices plus secrets (comme le trafic d’organes et de peaux prélevés sur les jeunes filles mortes en année de grâce), tout est absolument glaçant dans ce thriller bien construit.
J’ai aimé le fait que l’auteure joue pendant un moment avec une touche de fantastique glissée dans le récit, juste par petite touche et de façon maîtrisée qui se clôt avec une vraie explication. Après tout, l’année de grâce est présentée par la société comme une année où les jeunes filles doivent se débarrasser d’un pouvoir magique qu’elles auraient acquis autour de leurs seize ans, lié à leur féminité…
Ennemies et sororité
L’année de grâce sonne comme une expérience sociale étrange : à peine leur destin scellé, les jeunes filles en âge de se marier sont envoyées toutes ensemble vivre dans un campement dans les bois, loin de la civilisation. Entre celles qui sont promises à un mariage et celles qui n’ont pas été choisies (et seront donc déchues de leur rang social à leur retour), les tensions sont inévitables.
C’est une mini société qui se met en place au cours de cette année et l’auteure décrit brillamment les mécanismes en jeu. Entre rivalité et entraide, le petit groupe évolue sans cesse et la cruauté de celles qui sont au pouvoir augmente alors que les ressources diminuent. Le résultat vous fera trembler dans vos chaussettes tant il semble criant de vérité.
En conclusion
Un thriller unique en son genre que je ne peux que vous recommander à condition que vous ayez l’estomac bien accroché. Gore par moment, souvent angoissant mais toujours magistralement bien pensé, l’Année de grâce est un roman incontournable pour les amateurs de frissons et de réflexion.
Vous avez lu ce livre ? Qu’en avez-vous pensé ?